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Parcours éducatif avec le théâtre - forum pour lutter au collège contre les stéréotypes sexistes

lundi 8 août 2005, par phil

Une scène présentant une situation critique relative à un comportement sexiste est jouée. On demande ensuite aux participants si la scène qu’ils viennent de voir s’apparente à la réalité, à quelque chose qu’ils connaissent. Et puis quels sentiments ont-ils ressentis ? Que ressentent-ils devant un tel comportement, qu’en pensent-ils ?

L’animation par le biais du théâtre forum nécessite l’intervention d’acteurs et d’un animateur expert qui en maîtrise la technique. Ils doivent savoir faire évoluer la réflexion collective qui s’exprime par les propositions du public. En effet, il est demandé au public d’agir pour faire évoluer les choses. Que peut faire la personne opprimée, discriminée, rejetée pour que ça ne se passe pas comme ça ? Que peut-elle faire pour que son projet de reconnaissance, de respect ou autre aboutisse ? Que ferait-on dans une situation identique ? La scène est rejouée et les participants (les spectateurs) l’interrompent pour proposer leur propre recommandation d’attitude, de parole, d’expression en remplaçant la personne qui subit la domination.

L’animateur est le relais entre public et acteurs, il est responsable de l’évolution du débat dans la perspective de suppression de la domination, de la reconnaissance et du respect des droits de chaque personne humaine. Le public est encouragé à venir jouer toutes les propositions effectuées, même les plus modestes dans une perspective de prise de conscience. On observe l’existence de multiples possibilités de réaction face à une situation de domination à l’encontre de l’autre. Une réaction peut changer une situation, peut changer le cours des choses. L’expression du refus est une étape qui peut faire changer l’évolution d’un échange difficile. Cette technique d’animation interactive, très estimée du public, est inspirée du théâtre-forum de l’Opprimé d’Augusto Boal, et reprise par le programme Viraj qui l’expérimente au Québec.

Les scènes jouées peuvent être issues des situations sui- vantes issues du bulletin de l’éducation nationale, hors série no 10 du 2 novembre 2000, intitulé « À l’école, au collège et au lycée : de la mixité à l’égalité » :

1- En 3e, un exercice de soudure est proposé en techno- logie. L’enseignant-e demande aux élèves de se mettre par groupe de quatre en disant : « Les garçons, occupez-vous des filles, elles vont avoir besoin d’aide ! »

2- En français, il est demandé aux élèves de CM2 une recherche documentaire sur un-e auteur-e et la réalisation en groupe d’un dossier écrit qui sera noté. Les garçons se bagarrent pour être avec les filles parce qu’elles sont soigneuses, sérieuses, et écrivent bien. 3- Dans cette école primaire, à chaque récréation, les garçons investissent la cour sur laquelle est tracé un terrain de basket pour faire des matchs ou jouer à s’attraper. Les filles se replient sur les bancs autour de la cour pour bavarder ou dans des recoins pour jouer à l’élastique, aux balles, à la marelle. 4- Julie et Christophe, élèves de la même classe, ont obtenu au 1er trimestre la même moyenne en mathématiques : 13. Sur leur bulletin scolaire, figurent les mentions : « Julie a fourni de gros efforts, travail sérieux. Continuez » « Christophe est en dessous de ses possibilités. Pourrait être un élève brillant s’il travail- lait plus régulièrement » 5- Professeurs et conseillers-ères d’orientation psychologues (COP) organisent une séance collective de préparation au choix des secteurs professionnels où se dérouleront les stages de découverte. Spontanément, les filles et les garçons émettent le désir de faire leur stage dans des secteurs traditionnellement féminins ou masculins...

Stéréotypes en jeu dans ces scénarios pour la réflexion et le débat :

 Scénario no 1 : Stéréotypes : Les filles n’y connaissent rien en soudure. Elles risquent de faire des dégâts et de se blesser. La technologie, c’est pour les garçons. Question : Faut-il mettre les filles sous la protection des garçons quand on propose une tâche que l’on suppose plutôt faite pour les garçons ? Conséquences : On renforce chez les filles l’idée qu’elles sont inaptes pour ce type de tâche. On conforte la division sexuée des compétences et des savoirs par un effet d’étiquetage. Les filles risquent de se démotiver pour cet enseignement. Recommandations : Veiller à ce que les groupes soient mixtes et que les filles prennent leur part d’initiative. Montrer que la réussite ou l’échec dans cette tâche n’est pas une question de sexe et que les qualités d’attention et de minutie qu’elle requiert sont indispensables tant pour les filles que pour les garçons.

 Scénario no 2 : Stéréotypes : Les filles sont plus consciencieuses et plus soigneuses. Elles rédigent mieux. Elles sont plus motivées par ce type de thème et meilleures en français. Question : Faut-il laisser les élèves organiser le travail collectif comme ils veulent même si la répartition des tâches ne paraît pas égalitaire ? Est-ce qu’il y a des compétences spécifiquement « féminines » et d’autres spécifiquement « masculines » ? Conséquences : Les filles peuvent se sentir flattées et mettre leur point d’honneur à assumer le travail de mise en forme et de rédaction, laissant aux garçons la possibilité de se « reposer » sur elles ; ils pourront bénéficier d’une note sans avoir participé à l’exercice. On instaure ainsi des rapports sociaux discutables entre les filles et les garçons. Recommandations : Laisser aux groupes l’initiative de l’organisation du travail tout en demandant que chacun rédige une partie identifiable du dossier. Ainsi, chaque élève se sera impliqué dans la note collective.

 Scénario no 3 : Stéréotypes : Les garçons sont plus re- muants. Ils ont besoin de se « défoncer », de courir. Les filles sont plus calmes, elles adorent « papoter » ou jouer entre elles. Question : Faut-il respecter cette organisation de l’espace imposée par les jeux de garçons ? Conséquences : L’espace est occupé et dominé par les garçons qui peuvent exercer librement leurs besoins d’activités physiques. Les filles et les garçons n’apprennent pas à partager leurs jeux. Recommandations : Veiller à une organisation de l’espace de la cour, qui permette la juxtaposition d’activités différentes. Veiller à ce que des filles qui manifesteraient l’envie de se joindre aux garçons ne soient pas rejetées et réciproquement. Sensibiliser les filles et les garçons au respect des territoires des uns et des autres et au partage des activités en récréation.

 Scénario no 4 : Stéréotypes : En mathématiques, les filles réussissent en travaillant beaucoup. Les garçons peuvent souvent mieux faire : ils n’exploitent pas toutes leurs possibilités. Question : Une même note mesurerait-elle des éléments différents selon les sexes ? Conséquences : On utilise souvent un double standard dans l’évaluation des filles et des garçons : on juge les filles sur leur travail, les garçons sur leurs capa- cités intellectuelles. Cela renforce chez les filles le sentiment qu’elles ont d’être moins bonnes en mathématiques que les garçons. Elles pensent que pour réussir en mathématiques, il faut avoir la « bosse » des maths et qu’elles ne l’ont pas. Recommandations : Prendre conscience de ce double standard dans l’évaluation des filles et des garçons dans les matières connotées masculines ou féminines. Pour éviter les effets d’étiquetage selon le sexe des élèves dans la notation, on peut dès le début de l’année scolaire, corriger les devoirs rendus anonymes. Veiller, dans le libellé des appréciations sur les bulletins scolaires, à valoriser les filles autant sur leurs compétences que sur le travail fourni.

 Scénario no 5 : Stéréotypes : Il existe des métiers qui intéressent toujours les jeunes filles : s’occuper d’enfants ou d’animaux ... D’autres qui conviennent mieux aux jeunes garçons : mécanique, industrie..., notamment pour des élèves en difficulté. Question : Peut-on accepter d’emblée que les jeunes filles cherchent essentiellement des stages dans des métiers traditionnellement féminins, et les garçons dans des métiers traditionnellement masculins ? Faut-il les encourager à essayer des stages dans des secteurs où leur sexe est sous- représenté ? Conséquences : On risque d’inciter les élèves, filles ou garçons, à reconduire les modèles professionnels les plus courants, en méconnaissant les conséquences sociales et professionnelles que cela peut engendrer. Si les élèves n’ont pas conscience que le rejet ou l’attrait pour une profession est dépendant des représentations que l’on en a, ils risquent de se cantonner dans la recherche de stages conventionnels et d’avoir du mal à les exploiter. Recommandations : Prévoir un temps de discussion, de recherche sur l’évolution des rôles respectifs des hommes et des femmes, l’égalité des sexes, l’importance et les conséquences de mesures sociales (temps partiel, congé parental...). Faire travailler l’ensemble des élèves sur les raisons qui président aux choix professionnels (famille, école, société, employeur). Utiliser tous les outils de l’éducation à l’orientation (cédérom, jeux,...) - pour élargir l’approche des métiers. Faire travailler sur les représentations des métiers et des professions.