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3 LIVRES INCONTOURNABLES A LIRECONVERSATIONS...
mercredi 15 juin 2022, par
3 LIVRES INCONTOURNABLES A LIRE
CONVERSATIONS SUR LE SEXISME, Philippe CLAUZARD
Si l’égalité entre les femmes et les hommes progresse, force est de reconnaître que les femmes sont encore victimes de préjugés, de stéréotypes, d’inégalités qui limitent leurs vies professionnelles, familiales et sociales. L’heure demeure au développement d’une éducation à l’égalité filles – garçons, à la révision d’attitudes et de discriminations sexistes qui s’inscrivent dans des représentations traditionnelles de dévalorisation du féminin par rapport au masculin. Cette infériorisation est gravée dans le marbre de la langue, elle réside dans la catégorisation en genres hiérarchisés. « Désexiser » la langue, les jouets enfantins, les rôles sociaux des adultes ; repenser la notion de genres et leurs attributions conformes aux usages ; resituer les rapports humains dans une perspective historique et théorique ; bousculer les normes, les lieux communs… Tout cela répond à la Convention interministérielle de 2007 sur l’égalité entre femmes et hommes et les missions éducatives afférentes. Ces conversations en famille, en classe, entre élèves sont des invitations éducatives à des discussions pédagogiques qui visent plus amplement une éducation à la citoyenneté, copartagée par les coéducateurs que sont les enseignants et les parents. Homme ou femme : c’est une question de connaissance et de respect, tout simplement. Conversons-en.
CONVERSATIONS SUR L’HOMOPHOBIE, Philippe CLAUZARD
Depuis quelques années, les médias - télévision, cinéma, presse - s’emparent largement du sujet de l’homosexualité à la faveur des discussions parlementaires autour du PaCS (PActe Civil de Solidarité), des débats sur les familles homoparentales et les gay-pride qui rassemblent annuellement toujours plus de personnes sur le pavé parisien pour revendiquer, entre autres, une loi condamnant les propos homophobes. Les enfants et les adolescents en sont naturellement les témoins. Ils s’interrogent sur l’homosexualité et sur les hommes et femmes homosexuels. Bien plus encore ceux qui sont préoccupés par leur orientation sexuelle. La Ligne AZUR -0 810 20 30 40 - leur offre certes un lieu de parole mais le silence sur ces questions demeure la règle dans le monde scolaire. Toutefois, des parents et des éducateurs recherchent des réponses pertinentes. A l’automne 2000, une circulaire ministérielle parue au Bulletin Officiel de l’Education nationale indiquait aux enseignants comment réagir lorsqu’un élève traite un autre élève de "pédé". D’autres textes et documents sont apparus. Des lycéens prennent pour thème de leurs nouveaux Travaux Personnels Encadrés des sujets relatifs aux homosexuels et l’homophobie.
Bonnes pages : Extrait de la préface de Louis-Georges TIN
Voici un livre pour que les enfants d’aujourd’hui ne soient pas les homophobes de demain. Jusqu’ici, dans ce domaine, les initiatives diverses avaient en général pour but de corriger, ou du moins, de limiter les injustices les plus flagrantes, abus, violences ou discriminations de toutes sortes. Le PACS lui-même répondait à cette logique : le mariage n’étant pas accessible aux couples homosexuels, il s’agissait de proposer une alternative. Les revendications liées à l’adoption homo-parentale ou à la pénalisation des injures homophobes vont dans le même sens. De ce fait, les actions menées trouvent leur point d’application dans les défaillances de la société, dans les défections du droit, ou de son application : elles se proposent d’y remédier. Le présent ouvrage tente d’explorer une autre direction, en agissant pour ainsi dire en amont. S’il est urgent de répondre aux besoins présents, aux injustices quotidiennes, aux inégalités manifestes, il est plus important encore de prévenir les actes, discours ou pratiques qui sont l’effet plutôt que la cause de l’homophobie ambiante. Les mesures proposées sont donc nécessaires, mais non pas suffisantes. Il faudrait mettre en œuvre une véritable prophylaxie sociale de sorte que les préjugés homophobes cessent d’être la règle. Folle ambition, dira-t-on. Peut-être. Peut-être pas. Le moyen ici choisi pour prévenir l’homophobie, c’est l’éducation. Non sans raison : l’éducation est la continuation de la politique par d’autres moyens. Pour un nouveau contrat social, il faut bien un nouvel Emile. C’est donc par là qu’il faut agir : d’où l’idée de ce livre. Ces conversations suivies entre un père et sa fille proposent ainsi un exemple de mise en œuvre dont chacun pourra tirer profit. Bien souvent les parents ou futurs parents sont disposés a priori à discuter avec leurs enfants de ces questions sensibles : la violence, l’exclusion, la sexualité, etc. Mais en général, ils s’interrogent sur la bonne façon, et surtout sur le bon moment pour aborder ces sujets. Selon une idée commune, le mieux serait d’attendre que l’enfant pose de lui-même les questions nécessaires. Evidemment, cette opinion permet d’esquiver habilement le problème et de renvoyer en quelque sorte la balle dans l’autre camp : elle décharge les parents de leur encombrante responsabilité, et laisse aux enfants la courageuse initiative du dialogue. Malheureusement, elle comporte aussi quelques inconvénients : elle risque de laisser les enfants complètement démunis lorsqu’ils seront confrontés à la réalité. Dans le meilleur des cas, ils viendront chercher dans la parole des adultes un éventuel remède à leurs angoisses ou à leurs traumatismes ; plus vraisemblablement, ils enfouiront dans leur mémoire les images ou les idées les plus sombres… Ce n’est peut-être pas la bonne solution. Encore une fois, prévenir, plutôt que guérir. Sur ces questions de sexe et de genre, les apprentissages sociaux se font très tôt. Dès la plus tendre enfance vient l’intuition confuse que les garçons doivent l’emporter sur les filles : ceux qui n’y parviennent pas ne sont que des pédés. Les cours de récréation sont l’ordinaire laboratoire où s’élaborent ces hypothèses sexistes et homophobes, dont l’étroite connexion n’est que trop évidente, comme le remarque Philippe Clauzard à juste titre. S’il faut attendre l’âge adulte pour expliquer enfin que ces idées reçues, accréditées, enracinées sont de coupables préjugés, il est à craindre que les raisonnements les plus rigoureux ne puissent les extirper. Si la petite fille peut entendre dans la cour des insultes comme « pédé », si l’on dit au petit garçon : « arrête de pleurer comme une petite fille », n’en doutez plus, il est grand temps de leur parler. Mais comment ? Précisément, le présent ouvrage propose quelques pistes pour répondre à cette question. À dire vrai, quelques initiatives ponctuelles en ce sens avaient déjà vu le jour. Même, en 1999, le ministère de l’éducation nationale avait lancé une « mallette pédagogique » comprenant toute une série de fiches d’éducation sexuelle, dont une sur « le sexisme ou le machisme », et une autre sur « homosexualité et homophobie », documents hélas peu diffusés. Par conséquent, ce livre pionnier ne prétend pas être le premier à défricher cette voie de l’éducation comme rempart contre l’homophobie. En revanche, il est sans doute le premier à serrer de si près la difficile question de la mise en œuvre du dialogue. C’est une chose d’avoir de bonnes idées, les mettre en pratique en est une autre. En l’occurrence, Philippe Clauzard prend le risque de la mise en œuvre, et propose de façon exemplaire ces quelques Conversations sur l’homo (phobie). On le voit, le projet est à la fois modéré et radical. Modéré, puisque loin de toute révolution politique ou législative, il ne s’agit ici que d’un simple dialogue entre un père et sa fille ; radical puisqu’il s’agit d’éradiquer au sens propre les préjugés homophobes avant qu’ils ne s’enracinent, pour filer la métaphore, dans l’esprit de l’enfant. Pour autant, ce dialogue familial n’est pas repli sur la sphère privée, renoncement aux vastes ambitions publiques des luttes contre l’exclusion. Au contraire. L’auteur propose d’engager ce dialogue dans toutes les familles et toutes les écoles de la nation où il se trouvera des hommes et des femmes de bonne volonté, soucieux d’enseigner la justice et le respect aux citoyens de demain. En somme, loin d’être une alternative à la politique, l’éducation en est à l’évidence le corrélat, le pendant, et pour tout dire, le nécessaire préambule. Pour qui le lit, le corps de ce livre se présente sous la forme d’un heureux contrepoint entre récit et dialogue. Le récit raconte, le dialogue explique, et tous deux se croisent et s’interrompent mutuellement au fil du texte. Quoique le récit ne soit pas directement lié au dialogue, il est cependant clair que celui-ci constitue une sorte de commentaire de celui-là, et cette agréable alternance permet de combiner les avantages des deux styles : un traité didactique eût semblé trop austère ; une simple nouvelle, peut-être trop légère. Mais le mélange des genres permet ici de joindre l’utile à l’agréable. Cependant, l’auteur n’escamote pas les difficultés, et il y en a. Par exemple : un garçon avec deux papas ne va-t-il pas être la cible des insultes et quolibets de tout son entourage ? Toutefois, Philippe Clauzard ne donne pas dans le manichéisme, témoin l’institutrice qui, rétive au début, finit par relever le défi de l’intégration et du civisme. Ainsi, serait-il dangereux de nier que l’homo-parentalité risque de poser des problèmes, mais plus dangereux encore d’affirmer que ces problèmes sont insurmontables. Ce serait en effet une étrange justice : pour résoudre la discrimination que pourraient subir les enfants d’homosexuels, on voudrait l’exercer à l’encontre des homosexuels qui veulent être parents. Combattre la discrimination par la discrimination. À ce compte, il faudrait aussi déconseiller tout projet parental aux Noirs, aux Juifs, aux Arabes, aux pauvres, aux banlieusards, aux provinciaux, etc., lesquels risquent de mettre au monde de futures victimes. Par ailleurs, l’ouvrage fait le point sur des notions difficiles, et cependant capitales, notamment l’hétérosexisme, dont le lien manifeste avec le sexisme et l’homophobie est clairement formulé. Cependant, la rigueur nécessaire de l’analyse n’est jamais aride, car elle est tempérée par les scènes du récit, souvent émouvantes ou drôles (que l’on songe seulement à cette impayable madame Druche !). Mais au-delà du récit et du dialogue, qui sont déjà, dans le cadre familial, des exemples pour lutter contre l’homophobie, cet ouvrage comporte en annexe des documents extrêmement précieux, qui sont autant de pistes de travail pour œuvrer dans le cadre scolaire. Il s’agit de suggestions, recommandations, leçons, activités, exercices, etc., susceptibles d’être mis en pratique dans une classe. Puisque la lutte contre l’homophobie est aujourd’hui reconnue comme l’une des missions de l’institution scolaire, ces propositions avisées tentent de subvenir à la faiblesse des moyens mis à disposition par le ministère. De la sorte, les apports scientifiques des études gaies et lesbiennes et les résolutions civiques de l’éducation nationale trouveront leur possible application pédagogique dans les écoles, et même, dans les familles. Dans ce combat contre l’homophobie, c’est là, sans doute, que se joueront les dernières batailles, les plus modestes, les plus grandes aussi. Peut-être en verrons-nous bientôt le résultat. Louis-Georges TIN, enseignant chercheur, auteur du Dictionnaire de l’homophobie, PUF
« De l’amour pour tous, Conversations sur les orientations et les sentiments amoureux » :
Au lendemain des débats autour du mariage pour tous, trois conversations à objectif pédagogique fictives mais ancrées dans le réel viennent nourrir une réflexion sur l’amour, son orientation, le désir, l’érotisme et de façon générale la question des sentiments et de la sexualité. Avec l’entrée en vigueur du mariage pour tous dans les habitudes sociétales françaises, l’heure est plus que jamais à l’éducation des générations futures aux amours plurielles, aux sexualités et aux questions de sentiments, de respect de l’autre, comme un souci de l’autre définissant l’amour. A l’ombre de Stendhal, s’ébauche une réflexion à partir de conversations sur le sujet, fictives mais bien ancrées dans la réalité, pour clore une trilogie. Sexisme et homophobie demeurent des luttes de tous les instants, parions sur l’amour comme puissant ciment d’une société qui doit savoir se réconcilier par delà ses fractures éthiques et idéologiques. Conversons-en tous ensemble ! (Coll. Sexualité humaine, 14 euros, 134 p., octobre 2013) EAN : 9782343015408 EAN PDF : 9782336327358 EAN ePUB : 9782336677453
De l’amour pour tous, quel titre opportuniste au lendemain des débats sur le mariage pour tous qui enflammèrent les esprits. Et pourtant, par-delà la question législative et institutionnelle du mariage, c’est bien l’idée d’amour pour tous les adultes qui était à la périphérie des discussions. Il s’agit bien de légitimer les amours plurielles, de les reconnaître et anoblir. Lorsque Stendhal a écrit « De l’Amour », la question était entendue : il évoquait l’amour hétérosexuel. Kinsey n’était pas encore passé par là. Le pluriel des amours n’était pas entré dans les mœurs, il n’apparaissait pas sur la carte du Tendre. De nos jours, évoquer à égalité les amours hétérosexuelles, homosexuelles et bisexuelles n’est plus interdit, choquant ou malvenu. Même si en certains endroits, on préfère taire le sujet, même si au plus profond de ses pensées intimes, on estime que toutes les sexualités ne se valent pas. Toutefois, quel que soit l’être aimé, d’amour s’agit-il. Et mieux vaut l’amour que la lutte clame (presque) notre célèbre institutrice (de notre trilogie) Mlle Druche, qui intervient à nouveau dans ces conversations croisées : des conversations familiales et scolaires. Si la procédure d’écriture est invariante, et support à des interactions famille/enfant et élèves/professeur, l’âge des jeunes gens est celui des lycéens ou étudiants. Ces propos s’adressent à des jeunes adultes ou « préadultes » d’au moins 15 ans. Qu’est-ce que l’amour ? Quelles sont les orientations amoureuses ? Que sont les relations sentimentales ? Ce sont des interrogations d’adolescents, voire de postadolescents. Ces trois questions principales forment les chapitres de cet ouvrage, ce sont des interrogations éternelles ponctuées de saynètes qui les mettent en relief.
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