Accueil > PARCOURS DIDACTIQUES > EN MATHS, QU’EST-CE QUE JE PEUX FAIRE ? Conseils en éducation (...)

EN MATHS, QU’EST-CE QUE JE PEUX FAIRE ? Conseils en éducation mathématique

dimanche 8 août 2021, par phil

Devant les questions de diversité et la lutte contre l’homophobie à l’école, les professeurs de mathématiques, mais aussi de physique-chimie, se sentent plutôt démunis. Ils ne savent que faire, comment participer à l’élaboration d’une éducation au respect de toutes les différences, y compris homosexuelles ? Bien sûr, ils sont conscient des possibilités d’adopter un discours ouvert pendant les interclasses lorsque les étudiants peuvent aborder des sujets plus personnels, mais ils n’envisagent pas trop comment pouvoir inclure la diversité humaine dans leurs cursus. Que faire dans un monde de chiffres et d’équation ? La solution est pourtant simple et peut prêter à sourire. Il suffit de récrire les sujets de problème, d’insérer dans leurs libellés des mots qui suggèrent une vision plurielle de notre société qui n’est pas uniquement blanche et hétérosexuelle mais homo, beur, asiatique, black, bisexuelle, etc... Il convient de remplacer "Denis et Christiane" dans un énoncé par "Denis et Michel" ou par "Christiane et Cindy" ; mais aussi "Carlos et Ming", "Mohammed et Olga". Quoique ces révisions puissent sembler artificielles, nous ne devons pas sous-estimer leur portée, la force de la langue dans les représentations des apprenants, la formation d’une pensée, d’un esprit ouvert. Diversifier les noms, induire de nouvelles images et relations humaines et amoureuses peuvent élargir significativement les voies dans lesquelles les étudiants catégorisent les gens et leurs rapports à ceux-ci. Les noms et les étiquettes façonnent nos idées et nos comportements. Pour beaucoup d’étudiants, résoudre un problème scientifique, dans lequel sont mis en scène des couples mixtes (ou "multi-ethnique"), des couples de même sexe, est l’occasion pour la première fois de considérer que le monde est fait autrement qu’ils ne le concevaient, qu’il existe une gamme étendue de gens et relations différentes. C’est aussi prouver aux jeunes homosexuels qu’ils ne sont pas seuls au monde, qu’ils existent, qu’ils peuvent même se projeter dans une vie de couple comme les autres puisqu’on "parle" d’eux dans les énoncés de problèmes mathématiques. Ces changements tout simples de noms et de situations ne sont pas des contributions mineures à une éducation au respect envers les gays et les lesbiennes. Il n’y a pas , nous semble t-il, meilleur moyen dans les matières scientifiques, pour banaliser finalement l’homosexualité masculine et féminine et la bisexualité. Et face aux réactions des étudiants et des parents d’élèves, ouvrir une vraie discussion sur un sujet éducatif de société, où tous les enseignants et personnels éducatifs sont concernés. Courage aux enseignants et éditeurs scolaires s’engageant dans cette voie, et félicitations ! Les enseignants de disciplines scientifiques sont aussi, avons-nous remarqué, plus à l’aise (car peut-être moins impliqué "affectivement", les "chiffres" n’ont pas la "charge affective" des mots des cours de lettres et de sciences humaines) pour discuter de façon informelle de la vie quotidienne avec leurs étudiants en fin de cours. Il est clair que des discussions sur notre problématique avec les élèves permettront à ces enseignants de s’impliquer dans d’autres secteurs : par exemple, participer à un groupe de soutien de jeunes homos, ou peser de leurs poids dans des regroupement de profs sensibilisés et revendicatifs sur les questions d’homophobie à l’école et d’enseignements de questions homosexuelles dans les chapitres oubliés de manuels et programmes qui demandent à être corrigés... Ne pas oublier que les mathématiciens et scientifiques sont aussi des hommes et des femmes, et que parfois leurs expériences de vie, leurs identités ont pu influer sur leurs recherche. Il existe quelques exemples de scientifiques gay de haut niveau. Il serait intéressant de mesurer quel fut ou pas l’impact de leur homosexualité sur leurs travaux scientifiques.

Le directeur exécutif du GLSEN de New-York ( Gay, Lesbian, Straight Education Network) Kevin Jennings a écrit une biographie évoquant quelques figures de la recherche scientifique américaine persécutés par la chasse aux sorcières du MacCarthysm. Livre non traduit en France à ce jour.

Tous droits réservés