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Focus sur les stéréotypes, derniers développements pour un cours

lundi 12 août 2002, par Andy

Que nous l’admettions ou non, nous sommes influencés par les stéréotypes. Si la société et la publicité contribuent à leur diffusion, c’est aussi le fonctionnement de notre cerveau qui nous pousse à tout catégoriser.

Pourquoi ? Parce que le réel est trop vaste, trop complexe pour l’appréhender. Du coup, il faut le découper en catégories de manière à mieux le saisir. mieux le comprendre. Il faut opérer des sélections. Former des catégories, procède des activités cognitives élémentaire de tout individu. Face à un nouveau réel, nous comparons, différencions, repérons divers paramètres de façon à effectuer des mises en relations logiques. Il faut classer les choses et ensuite les relier, délier ou reconstruire un réseau cognitif. Le meilleur exemple de la pensée catégorielle est la carte mentale. Toutefois, l’opération de catégorisation n’est pas sans conséquence. Les individus sélectionnant, filtrent l’immense quantité d’information qui leur provient de l’environnement et simplifient leur traitement, en ignorant certaines dissemblances et en exagérant les ressemblances. Catégoriser conduit à des rigidités, des enfermements, des lacunes systémiques : on ne reconstitue pas toujours un Tout, une synthèse d’éléments épars.
Du coup, en bien des cas, la catégorisation crée du stéréotype, de la pensée économe et rigidifiée. Elle peut manquer de plasticité.

Ainsi, la catégorisation produit de la pensée stéréotypée. Imaginons : vous assistez à une soirée d’anniversaire et que vous ne connaissez personne. Vous scrutez l’assistance pour trouver avec qui engager la conversation. A votre gauche, vous voyez une jeune fille blonde, très maquillée et habillée d’une robe très moulante. Vous vous dites spontanément qu’elle ne doit rien avoir à dire. A votre droite, vous observez un homme qui arbore un T-shirt d’un club de football. Vous vous dites que vous n’aimez pas les supporters de foot. En quelques minutes, vous vous êtes forgé une idée sur ces personnes, qui est fondée sur leur apparence et sur des stéréotypes. Par exemple, les blondes sont superficielles, les supporters de foot sont idiots. Nous ne pouvons nous empêcher de juger autrui d’un coup d’oeil même si nous avons largement honte de fonctionner de telle sorte.

Les stéréotypes sont des croyances sur un groupe social qui sont souvent partagés par le plus grand nombre. Par exemple les femmes n’ont pas le sens de l’orientation, les pompiers sont beaux et musclés, les français sont gastronomes et romantiques… Ce sont des affirmations plus ou moins fausses mais surtout très générales. Les préjugés, quant à eux, appliquent un jugement souvent négatifs. Et ils peuvent du coup conduire à une discrimination. Tout le monde connaît la plupart des stéréotypes. On n’y adhère pas forcément mais chacun contribue d’une manière ou d’une autre à les diffuser. S’ils sont si répandus, c’est à cause du fonctionnement de notre cerveau.

Cette fabuleuse machine, faite de neurones, ne peut pas traiter immédiatement tout le flot d’informations dont elle est bombardée. Elle doit là aussi opérer des sélections. Elle va travailler vite et se montrer efficace. Nous avons un peu l’habitude de généraliser sans tenir compte de détails. Par exemple, si nous entendons le mot "oiseau", nous visualisons un merle, une mésange, des oiseaux qui sont plus présents dans notre quotidien. Nous pensons rarement à un manchot. On peut dire que le cerveau fonctionne à l’économie. Il développe des stratégies, dont celle de la catégorisation sociale. Lorsque nous croisons un inconnu, nous faisons appel aux modèles existants qui sont stockées dans notre cerveau : le sexe, la manière de s’habiller ou de parler, la classe sociale… Nous classons les personnes dans des catégories et y associons les caractéristiques inhérentes. Ainsi, à partir de très peu d’informations, on prédit le comportement d’autrui, on lui attribue des comportements, des pensées, des usages. Ce qui permet d’économiser du temps et de l’énergie pour le cerveau au quotidien. Mais cette stratégie présente un effet collatéral : l’apparition de préjugés. Nous avons tendance à gommer les spécificités des individus n’appartenant pas à notre groupe. On a également tendance à généraliser l’individu au groupe. Par exemple, à l’étranger, si un serveur ne rend pas exactement la monnaie, nous avons tendance à considérer que tous les habitants de ce pays sont malhonnêtes…

Notre cerveau se spécialise tellement, il catégorise tellement qu’il distingue mal les différences inter- individuelles, les visages non familiers. On peut ainsi dire que tous les asiatiques se ressemblent si nous sommes blancs. Et les asiatiques font le même genre de confusion. Les stéréotypes influent sur le jugement. Nous avons tendance à chercher chez autrui ce que l’on souhaite trouver. Des expérimentations en psychologie sociale l’ont prouvé. Résultat, nous détectons et assimilons mieux une information qui va dans le sens du stéréotype. Le plus souvent, nous sommes même pas conscient de l’influence d’un préjugé : Les stéréotypes s’activent automatiquement.

Si certains stéréotypes restent anodins, il en existe beaucoup qui peuvent empoisonner les relations avec autrui, provoquer de l’exclusion sociale. Dès trois ou quatre ans, les enfants sont influencés par les stéréotypes, Comme le révèle une expérience américaine des années 1970, maintes fois reproduite. Un expérimentateur montre à des petits enfants des dessins représentant des enfants noirs et blancs identiques, hormis la couleur de peau et leur pose cette question : L’un des deux a vu un chaton tomber dans un lac et il l’a sauvé, lequel ? En majorité, les enfants blancs désignent les enfants qui leur ressemblent. Il semblerait que l’on a besoin de détecter le danger précocement, donc de reconnaître rapidement ce qui n’est pas familier, expliquent les chercheurs. Les enfants s’identifient naturellement aux membres de leur propre groupe.
Une institutrice québécoise avait mené une expérience en 2006 avec ses élèves : Elle avait affirmé à ses élèves que, d’après les recherches scientifiques, les petits sont plus intelligents, plus créatifs, plus soignés que les grands. Elle alors imposé aux grands de porter un dossard, et à l’inverse, les petits ont joui de privilèges comme une heure en plus de luge à la récréation. En deux heures à peine, les enfants ont intégré cette différenciation : Les petits se moquaient des grands, les deux groupes ne jouaient plus ensemble et quand ils devaient se mettre en rang, ils se séparaient en deux lignes. Dans cette expérience, tout est rentré dans l’ordre une fois que l’institutrice a dévoilé la vérité aux élèves. Ainsi se révèle la puissance des préjugés et des stéréotypes. Une puissance à laquelle il est difficile d’échapper quel que soit l’âge.

Il est compliqué d’atténuer les stéréotypes mais cela n’est pas impossible si on est conscient d’être influencé par des stéréotypes. Prendre du temps, se mettre à distance permet de réfléchir. Plus on prend d’informations plus se dilue le stéréotype. Pour décoller les étiquettes, le meilleur moyen reste de multiplier les contacts avec les victimes des préjugés, fréquentez les personnes différentes, poursuivre un but commun, faire des choses communes, Tout cela permet de limiter des idées reçues. Mais ça demande du temps et une profonde remise en cause de soi. Souvent nous préférons penser de manière économique en se disant qu’il existe des exceptions à la règle. Des études montrent que plus le niveau de préjugés est élevé, plus il sera difficile de les juguler. Raison de plus pour déjouer le plus de stéréotypes possibles dès le plus jeune âge à l’école et en famille. Et demeurer conscient de ce prisme catégoriel de la pensée humaine ainsi que de son fonctionnement à l’économie. L’intelligence de la réflexivité est toujours une lutte conte la facilité !

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En psychologie sociale, un stéréotype est
une croyance qu’une personne entretient au sujet des caractéristiques des membres d’un exogroupe. C’est aussi
une généralisation touchant un groupe de personnes et les différenciant des autres. Les stéréotypes peuvent être généralisés à l’excès, être inexacts et résister à l’information nouvelle.
Selon Jacques-Philippe Leyens (1983), les stéréotypes se définissent comme de « théories implicites de personnalité que partage l’ensemble des membres d’un groupe à propos de l’ensemble des membres d’un autre groupe et du sien ». Le contenu des stéréotypes est composé des croyances concernant les caractéristiques des membres d’un exogroupe, croyances qui sont généralisées à tous les membres de ce groupe. Les stéréotypes qui ne sont pas nécessairement négatifs, ont pour fonction de rendre l’environnement complexe dans lequel on vit plus compréhensible et prévisible (Hamilton & Trolier, 1986). Les autostéréotypes sont les croyances que nous entretenons envers les individus membres de notre propre groupe d’appartenance. Grâce à leurs aspects cognitifs, les stéréotypes s’avèrent très utiles puisqu’ils aident à mettre de l’ordre et de la cohérence dans notre univers social, qui autrement serait passablement chaotique.
Les stéréotypes peuvent contenir des croyances à la fois positives et négatives au sujet de caractéristiques de divers groupes sociaux. Les stéréotypes deviennent problématiques lorsqu’ils sont inexacts et qu’ils résistent au changement même quand des informations les contredisent. De plus, l’usage des stéréotypes mène souvent à des jugements erronés, car trop réducteurs.

Lors du processus de catégorisation, les individus sélectionnent, filtrent l’immense quantité d’information qui leur provient de l’environnement et simplifient le traitement de celle-ci en ignorant certaines dissemblances et en exagérant les ressemblances entre les stimuli (Fiske & Taylor, 1991). Quand le processus de catégorisation s’applique aux humains, il s’agit alors de catégorisation sociale (Tajfel, 1981) et ce processus influe systématiquement sur les impressions qui naissent en nous. Il s’avère que les aspects cognitifs de stéréotypes découlent directement du processus fondamental de catégorisation sociale.
Une des conséquences de la catégorisation sociale est que nous accentuons les différences entre les personnes appartenant à des groupes distincts et que nous minimisons les différences entre les membres d’un même groupe (Doise, Deschamps & Meyer, 1978). De façon générale, nous avons plus tendance à minimiser les différences individuelles entre les membres de l’exogroupe qu’entre les membres de notre propre groupe. Ce phénomène de l’homogénéisation de groupe, appliqué à l’exogroupe nous amène à percevoir qu’« eux » sont tous pareils, alors que « nous » sommes très différents les uns des autres. Cette homogénéisation de l’exogroupe qui est la base des stéréotypes nous permet de faire l’économie de jugements complexes sur chacun des innombrables individus que nous côtoyons quotidiennement.
Autre phénomène intéressant en relation avec les stéréotypes est que si un stéréotype s’avère infirmé par des expériences de vie personnelle, les gens peuvent tout de même conserver ce stéréotype et classer l’événement se situant en contradiction dans une nouvelle catégorie ou un nouveau sous-groupe. Par exemple, l’idée que toutes les femmes aiment se laisser offrir à manger au restaurant peut être contredite si à une ou plusieurs reprises, une femme insiste pour payer elle-même. Afin de garder le stéréotype selon lequel « les femmes aiment se faire inviter au resto », on va classer les femmes qui insistent pour payer dans une sous-catégorie de « femme féministe ». Les stéréotypes ont bel et bien la vie dure.
Attention : La catégorisation n’est pas en tant que telle un préjugé. Mais la catégorisation sert de fondement au préjugé.Également connue sous le nom d’effet Pygmalion, la prophétie autoréalisatrice insiste sur le fait selon lequel l’objet des stéréotypes va développer les compétences ou les caractéristiques se rapportant au stéréotype. Plusieurs explications ont été avancées, la plus vraisemblable étant la nature de l’interaction produite : dès lors que le stéréotype est intégré, la personne qui le possède va agir conformément à ce stéréotype, ce qui peut entraîner l’adaptation à ce stéréotype par la personne ou le groupe visé. Par exemple, le stéréotype d’agression entraîne un comportement de méfiance ou de peur qui peut accentuer en retour la possibilité d’agression. Un stéréotype favorable a le même effet : ainsi, Rosenthal et Jacobson montraient en 1968, que des professeurs préjugeant du bon potentiel de certains élèves, amenaient, par leur comportement plus attentionné, ces élèves à accroître leur compétences scolaires. Des expériences similaires montrent des résultats semblables, avec un groupe d’étudiants chez lesquels on crée de tels stéréotypes positifs à propos de rats : les rats aléatoirement désignés comme performants le deviennent effectivement, de par le comportement plus attentionné des étudiants.
Pour analyser les fonctions spécifiques des préjugés et stéréotypes dans les communications entre groupes, on peut distinguer trois types de représentations : les représentations induites, les représentations justificatrices et les représentations anticipatrices (Doise, 1979). Les représentations induites sont le reflet de relations passées ou présentes entre les groupes. Les représentations justificatrices interviennent a posteriori afin de justifier le pouvoir exercé par un groupe sur un autre, par le biais d’images dévalorisantes du groupe soumis. Les représentations anticipatrices, interviennent a priori, afin de préparer les actions qu’un groupe souhaitent exercer sur un autre.La menace du stéréotype est le sentiment qu’a un individu de pouvoir être jugé à travers un stéréotype négatif visant son groupe, ou la crainte de faire quelque chose qui pourrait confirmer ce stéréotype. Dès lors, cette menace provoque une diminution des performances de cet individu, dans un domaine où il est impliqué personnellement.

Source : Wikipedia http://fr.wikipedia.org/wiki/St%C3%A9r%C3%A9otype

Le stéréotype peut engranger de la discrimination. Le sens du terme « discrimination » est à l’origine neutre, synonyme du mot « distinction », mais il a pris, dès lors qu’il concerne une question sociale, une connotation péjorative, désignant l’action de distinguer de façon injuste ou illégitime, comme le fait de séparer un individu ou un groupe social des autres en le traitant plus mal.Le concept de discrimination sociale fait son apparition à la suite des luttes politiques pour l’égalité de droit entre les hommes qui aboutissent dans la plupart des pays occidentaux au début de la seconde moitié du xxe siècle à l’abolition progressive des différences légales de traitement (fin de la colonisation, de la ségrégation aux États-Unis, etc.). Dans un contexte où la société évolue dans le sens d’une généralisation des mécanismes de concurrence, certains groupes sociaux ne bénéficient pas objectivement des mêmes chances que les autres, malgré l’égalité de droit dont ils jouissent en principe. C’est le cas des minorités visibles, des femmes, des handicapés, des seniors, des lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres etc.
Pour rétablir un équilibre des chances, ces États engagent des politiques de lutte contre les discriminations. Cette lutte emprunte plusieurs chemins. D’abord le droit : du point de vue du droit, la discrimination ne consiste pas à léser un groupe, mais un individu, en se fondant sur un critère illégitime. Il s’agit de protéger les individus en sanctionnant la discrimination. Il s’agit aussi de prévenir les discriminations par exemple en rendant anonymes les candidatures à des emplois. Ensuite, des politiques de rééquilibrage, appelées « discrimination positive », qui visent à rééquilibrer les chances entre les groupes. Enfin, de manière plus générale, il existe des mesures économiques, sociales et culturelles.La discrimination est l’acte de mettre de côté ou de distinguer une personne par sa couleur de peau, son sexe, sa sexualité, sa religion, ses opinions, un handicap, le physique, etc. Le mot discrimination vient du latin discriminis, qui signifie « séparation ».