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Fenêtres sur les garçons et les filles à l’école

dimanche 14 août 2005, par Andy

 Les places occupées par les filles et les garçons à l’école sont-elles similaires ?

 Les filles et les garçons sont porteurs des cultures de leur famille et de leur société. L’intervention enseignante autorise les enfants à s’émanciper des assignations traditionnelles. Elle permet aussi d’accroître l’éventail de choix de chacun. La société contraint à un type de socialisation relativement stéréotypée. Cela ne veut pas dire pour autant que les individus obéissent car il existe toujours un espace pour la transgression.

 Quelles sont les pratiques enseignantes que vous avez pu constater vis-à-vis des filles et des garçons ?

 Le monde est construit autour de la valorisation des garçons, en particulier de manière symbolique. Selon le type d’activité, les enseignants admettent questionner davantage les garçons parce qu’ils sont plus agités que les filles.

 Nous avons tous incorporé, à notre détriment, les logiques patriarcales, les représentations des différences de statut et rôle entre une fille et un garçon. La relation pédagogique n’interroge pas au sein de la classes stéréotypes de sexe. Par exemple, la violence des filles nous perturbe plus que celle des garçons, car notre capacité à supporter et tolérer des transgressions est déterminée par notre éducation qui sous-tend qu’il est normal que les garçons soient plus énergiques. En maternelle, les enseignants demandent d’entrer dans une relation d’aide aux garçons, L’enseignant n’a pas la volonté de discriminer ou de créer des inégalités, mais en l’absence d’intervention, les inégalités sont à l’œuvre. Dans la cour par exemple, les garçons occupent les plus grands espaces et laissent aux filles des espaces restreints ; les enseignants n’interviennent pas ou confortent la mise à l’écart des filles. Ce silence peut produire à long terme une socialisation différentielle de sexe sur un modèle traditionnel. On assigne les enfants à une identité des sexes qui place les filles du côté de la faiblesse, de la gentillesse, de la douceur, tandis que les garçons sont perçus actifs, énergiques et explorant le monde.

 Faut-il provoquer la mixité ?

 La mixité n’est pas naturelle pour les enfants. Lors de travail en groupe, on a le souci de mélanger les enfants selon leur niveau scolaire, il faut mettre en œuvre la même démarche pour les genres. Comment construire l’égalité des genres dans une classe ? Les enseignants sont amenés à s’interroger sur la représentation qu’ils se font des identités féminines et masculines ; ils prennent conscience de ces dimensions, certains mettent en place des pratiques moins sexuées, moins ouvertement inégalitaires, mais d’autres estiment que cela relève de la responsabilité des parents. La dimension des genres, dans son volant égalitaire relève de la responsabilité de l’école en tant qu’institution de la République. Il faut être vigilant à ne pas reproduire les inégalités à l’œuvre dans la société.

Extrait de Fenêtres sur cours, SNUIPP novembre 2005