Accueil > KIOSQUE AUX DOCS > Guide d’aide à la féminisation des noms de métiers, titres, grades et (...)

Guide d’aide à la féminisation des noms de métiers, titres, grades et fonctions

lundi 26 août 2002, par phil

Notre pays aime les querelles qui tournent autour de sa langue : on l’a vu il y a quelques années avec la « querelle de l’orthographe ». Les débats autour de l’usage du français viennent nourrir discussions et forums et remplissent les pages des journaux. Cela prouve, s’il en était besoin, l’attachement de nos concitoyens à leur langue et le souci permanent du « bon usage » qui nous anime. Parmi ces querelles prend place celle de la féminisation des noms de métiers, titres, grades et fonctions. Les linguistes le savent depuis longtemps : cette affaire n’est pas seulement la leur. Elle concerne la société tout entière. Elle véhicule nombre de résistances, pour une large part idéologiques. Le rôle du Gouvernement ne peut certes pas être en la matière d’imposer une norme : la liberté d’expression, une des libertés les plus fondamentales dans une démocratie, suppose le droit pour chacun d’utiliser la langue comme il l’entend. Mais le Gouvernement doit montrer l’exemple dans la sphère qui est la sienne, celle des services publics. Qu’une femme exerçant les fonctions de directeur d’école porte depuis plus d’un siècle le titre de directrice alors que la femme directrice d’administration centrale était encore, il y a un an, appelée « madame le directeur » atteste, s’il en était besoin, que la question de la féminisation des titres est symbolique et non linguistique. C’est la raison pour laquelle j’ai, par une circulaire en date du 6 mars 1998, invité les administrations à recourir aux appellations féminines pour les noms de métiers, titres, grades et fonctions chaque fois que le féminin était d’usage courant. Préface À ma demande, la Commission générale de terminologie et de néologie m’a remis un rapport portant au premier chef sur les usages juridiques. Celui-ci montre que lorsque les textes visent une fonction, et non la personne qui remplit cette fonction, I’emploi du masculin est conforme à la règle. La Commission invite à la rigueur dans la rédaction des textes législatifs et réglementaires. Je ne vois que des avantages à mettre en oeuvre ces recommandations. Le présent Guide, rédigé par l’Institut national de la langue française, montre que, contrairement à certaines idées reçues, il n’y a pas de difficulté à féminiser la plupart des métiers, grades, titres et fonctions. Il y en a d’autant moins que le français l’a fait couramment jusqu’au siècle passé. Je suis convaincu que ce guide sera utile à tous ceux qui souhaitent faire avancer la cause de la féminisation. D’ores et déjà, avec l’aide des médias, qui ont assimilé son sens, cette démarche progresse et les querelles sur « le » ou « la » ministre, lorsqu’une femme occupe ces fonctions, appartiendront bientôt au passé. Notre langue évolue : elle n’est évidemment pas séparée des enjeux du temps. La parité a sa place dans la langue. Je souhaite que ce guide facilite une démarche dont la légitimité n’est plus à démontrer.
Lionel Jospin - Premier ministre