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Une étude de l’Unicef ouvre les yeux sur les micro violences à l’école

vendredi 26 août 2011, par phil

Le harcèlement à l’école est un vieux sujet. Les anglosaxons parlent de "bullying". Il revêt diverses formes : des violences physiques et morales, de la mise en position de bouc-émissaires, de l’exclusion pour raison d’apparence : surpoids, féminité, look... Pourtant l’école a souvent ignoré le sujet et l’éducation au vivre ensemble n’est pas une priorité. L’éducation à l’égalité filles-garçons, à l’égalité des genres et des sexualités, l’éducation au respect des différences d’origines et physiques n’ont jamais fait l’unanimité des membres de la noosphère qui décide des projets d’éducation. Pas l’ombre d’une action, d’éléments significatifs dans les programmes scolaires et les documents d’application et d’accompagnement, pas de pistes pédagogiques proposées et réfléchies dans des formations enseignantes.


 Une recherche menée par l’Unicef et dirigée par Eric Debarbieux et Georges Fotinos, évalue à un enfant sur dix le nombre d’élèves subissant un harcèlement répété à l’école.

 "Nous disposons d’un solide outil pour rendre visible cette situation, alerter les pouvoirs publics et la communauté éducative. C’est le préalable à l’action que nous appelons de nos voeux". Pour Jacques Hintzy, président de l’Unicef France, le chemin semble tracé : la communauté éducative ne peut plus fermer les yeux.

 L’outil est effectivement solide. Grâce à un financement privé, l’enquête a touché 13 326 enfants de CE2, CM1 et CM2, répartis dans 157 écoles de 8 académies. Elle a été dirigée par Eric Debarbieux, et Georges Fotinos, de l’Observatoire international de la violence à l’école, en collaboration avec 7 laboratoires ou instituts de recherche. C’est bien une "enquête scientifique exceptionnelle" dont la méthodologie ne pourra pas être contestée.

 "Il reste dans l’école des enfants heureux", tient tout de suis à signaler Eric Debarbieux qui veut rendre hommage aux enseignants. 95% des enfants jugent positifs les enseignements. 89% se sentent bien à l’école et ont de bonnes relations avec leur maître ou leur maîtresse. 72% aiment aller à l’école. Le rapport souligne aussi les progrès dans la baisse de la violence exercée par les adultes à l’école. Cependant il reste encore 5% d’élèves qui déclarent avoir été battu par l’enseignant.

 Enfin presque... Mais le rapport égrène aussi des données plus douloureuses. Selon G Fotinos, 42% des élèves n’aiment pas leur cantine et 24% le personnel de cantine. C’est un pourcentage important d’enfants pour qui le temps du repas n’est pas vraiment celui de la relaxation. 28% n’aiment pas aller à l’école. 17% ont de mauvaises relations avec leurs camarades et 8% ont peur à l’école. C’est que 12% des élèves sont victimes de micro violences répétées, c’est à dire de harcèlement. Un enfant sur dix est victime de moqueries. 7% de violences physiques fréquentes. 14% d’agression sexuelle (déshabillage forcé, voyeurisme etc.). En fait l’étude montre que ces violences se répètent sur les mêmes enfants. "Quand un enfant commence à être harcelé", explique E Debarbieux, "toutes les formes de violence lui tombent dessus". Ce harcèlement a des conséquences graves : dépression, suicide, fuite vers la violence, décrochage scolaire. Les agresseurs sont nettement plus souvent des garçons que des filles.


Le rapport de l’Unicef : http://www.unicef.fr/contenu/actualite-humanitaire-unicef/l-ecole-des-enfants-heureux-ou-presque-2011-03-29


Voir en ligne : Suite de l’article du Café Pédagogique - Par François Jarraud