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Contribution de Michel Dorais

mardi 29 août 2000, par Lionel 3

Parler d’homophobie et d’homosexualité est une nécessité, en particulier pour ceux et celles qui ont pour mission d’accompagner les jeunes.


 Après avoir mené l’enquête qui a donné l’ouvrage MORT OU FIF (VLB éd., 2001), je suis plus que jamais convaincu que le silence tue. Ne pas parler d’une réalité, c’est d’une certaine façon dire qu’elle ne mérite pas d’être abordée ou entendue. C’est ainsi se faire complice de l’indifférence, voire de l’intolérance, qui trop souvent règnent concernant l’homosexualité.
 Les jeunes - tous les jeunes, quelle que soit leur orientation sexuelle - ont besoin d’entendre parler de la diversité sexuelle, qui inclut, outre l’hétérosexualité, l’homosexualité masculine et féminine, la bisexualité, la transsexualité, le transgenrisme et le non-conformiste de genre (par exemple, un garçon dit féminin ou une fille dite masculine). Les jeunes qui se sentent concernés en tireront enseignement et réassurance ; les autres apprendront à se montrer ouverts face aux différences humaines.

 Dans mon livre ÉLOGE DE LA DIVERSITÉ SEXUELLE (VLB éd., 1999), j’ai précisément voulu montré comment il importe de reconnaître cette diversité, sujet tabou entre tous, y compris dans les milieux où l’on se doit de former et d’informer les jeunes sur les « choses de la vie ».
 Ne pas se montrer ouvert comme enseignant - je le suis moi-même depuis 25 ans - face à la diversité sexuelle, ne pas s’exprimer contre toutes formes de discriminations (hétéro)sexistes et d’ostracimes homophobes, c’est ne pas porter assistance à personne en danger.
 Parce que des jeunes mal dans leur peau avec leurs questionnements, voire avec les violences qu’ils subissent, il y en a plus que l’on ne le croit. Dans chaque classe. Et des parents aussi. Autour de chaque école.
 Un éducateur, dans le sens le plus noble du terme, c’est d’abord et avant tout quelqu’un qui sait éclairer les réalités sous un jour nouveau. Nous ne saurions nous dérober à cet appel, surtout quand il est question du respect de soi et des autres que met à mal l’homophobie.

 Au printemps 2005 paraîtra l’ouvrage que j’ai écrit avec Éric Verdier à l’usage des jeunes - et de leurs alliés - qui entendent combattre l’homophobie (H&O éd, 2005 ; titre prévu : SAINS ET SAUFS). Nous souhaitons que cette contribution puisse aider les jeunes à prévenir et à combattre les préjugés, les exclusions et l’isolement qui sont trop souvent le lot des jeunes « différents ».
 A l’heure où les débats autour de l’ouverture du mariage aux conjoints de même sexe réanime un vieux fonds d’homophobie, il importe de dénoncer cette PEUR DE L’AUTRE EN SOI, pour reprendre le titre d’un ouvrage que je cosignais en 1994 avec Daniel Welzer-Lang et Pierre Dutey (VLB éd.) sur un sujet hélas toujours d’actualité : les racines et les manifestations du sexisme et de l’homophobie.
 Nous ne pouvons rester sans voix devant la montée des discours, plus ou moins subtils, qui chaque jour nient le croit de cité aux gais, lesbiennes, bisexuel-le-s, transgenrés et autres personnes de la diversité sexuelle. Accepter aujourd’hui de se taire, c’est accepter de tuer ce qu’il y a de meilleur en nous et en les autres.

Michel Dorais, Professeur agrégé, Université Laval, Québec, Canada.


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