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Juin 2013 : une Gay pride au goût de victoire

dimanche 30 juin 2013, par phil

Un mois jour pour jour après la célébration du premier mariage gay en France, militants et sympathisants de la cause homosexuelle ont défilé samedi à Paris pour fêter une « avancée majeure » après des mois difficiles, à l’occasion de la première Gay pride depuis l’adoption de la loi Taubira.

Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont défilé en musique du quartier de Montparnasse (XVe arrondissement) jusqu’à la place de la Bastille, où un concert géant clôturait comme chaque année la journée.

Torse nu, en tutu blanc, kilt ou bas résille, portant des perruques fluos ou des oreilles de lapin, les manifestants ont savouré sous le soleil la loi Taubira autorisant le mariage et l’adoption pour les couples du même sexe, entrée en vigueur le 18 mai.

Après plusieurs mois d’une forte mobilisation des anti-mariage homosexuel, cette « marche des fiertés » avait un goût de revanche pour certains manifestants. « Pendant l’hiver, on a beaucoup entendu les opposants au mariage gay, avec des propos souvent choquants. Le fait qu’on soit là aussi nombreux, c’est une forme de réponse », estime Gaëtan Beucher, étudiant de 22 ans, les épaules couvertes par un drapeau arc-en-ciel.

Pour Nicolas Gougain, porte-parole de l’Inter-LGBT (Lesbienne, gay, bi et trans) « c’est l’occasion de montrer à ceux qui voulaient nous renvoyer au placard ces derniers mois que nous existons. Quelle que soit l’avancée en droit, on voit qu’il y a toujours des stéréotypes et des préjugés qui sont très ancrés, même si c’est le fait d’une minorité ».

Hervé Descamps, n’était pas venu depuis cinq ans à la gay pride, mais ce membre du Gay moto club voulait, « surpris » par le mouvement des anti-mariage gay « vraiment être là cette année ».

Un peu plus loin, sur un balcon, poings levés et visages cachés par des masques blancs, une poignée de Hommen, (opposants au mariage homosexuel qui manifestent sur le modèle des Femen), a déployé une banderole sur laquelle on pouvait lire « Dictature des minorités, peuple bâillonné ». Dans la foule, les insultes fusent. « Homophobes », crient certains. Ne plus raser les murs

Martine, Parisienne brune de 63 ans est partagée entre « une immense satisfaction devant les progrès accomplis » et « l’inquiétude face à la persistance de l’homophobie ». Elle avoue que « le mariage, à titre personnel, ça ne m’intéresse pas. Mais c’est pour les jeunes, je n’ai pas envie qu’ils rasent les murs comme je l’ai fait pendant 30 ans ».

Le premier mariage homosexuel a été célébré à Montpellier le 29 mai. Le couple, Vincent Autin et Bruno Boileau, participait d’ailleurs à la Gay Pride parisienne. Leur union a depuis été suivie par des dizaines d’autres.

Coïncidence, le maire de Paris Bertrand Delanoë, présent dans le cortège, a célébré samedi son premier mariage homosexuel en mairie du IVe arrondissement. Il a uni Jean-Paul Cluzel, président du Grand Palais et ex-président de Radio France, et son compagnon.

Mais dans la foule qui défile derrière une grande banderole « LGBT, allons au bout de l’égalité », beaucoup estiment que la loi Taubira n’est pas suffisante. « Un certain nombre de nos revendications n’ont pas été satisfaites », souligne Nicolas Gougain, citant la PMA (procréation médicalement assistée), les droits des personnes transsexuelles et la lutte contre les discriminations au quotidien.

Un avis que partage Marion Perrin, venue avec sa compagne et deux de leurs trois enfants, qu’elle va enfin pouvoir adopter, gràce à la loi. « Une étape a été franchie, mais ça n’est pas fini », dit-elle en demandant le « recours à la PMA » et « la possibilité d’une filiation dès la naissance ».

Plus loin, un jeune homme torse nu, short en jean moulant et bottes en cuir, prend des poses lascives avec son compagnon en string en cuir couvert de clous. Guillaume, boulanger de 32 ans vient pour la dixième année consécutive à la Gay pride « avant tout pour faire la fête. Mais c’est aussi un acte militant. Je suis chef d’entreprise, je paie mes impôts, mon orientation sexuelle ne regarde que moi ».


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