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INTERVIEW de Louis-Georges TIN, Les ravages sous-estimés de l’homophobie

dimanche 25 mai 2008, par Lionel 3

Vendredi 4 avri 2008, Louis-Georges Tin a participé au colloque organisé à la faculté Segalen de Brest sur le thème des ravages de l’homophobie. Des ravages sous-estimés de l’homophobie au sein de notre jeunesse et de notre société française. Selon lui, des jeunes se suicident pour des raisons liées à l’homophobie. Nous reproduisons ici quelques extraits de l’entretien que Louis Georges TIN a accordé à cette occasion au journal Ouest-France.


 Pourquoi avoir créé une journée mondiale contre l’homophobie ?

 L’objectif, c’est de faire parler de l’homophobie, de rendre visible l’homosexualité et la diversité sexuelle. La première journée a eu lieu en 2005. En Chine ou en Bulgarie, c’était la première fois que des homosexuels manifestaient publiquement ! Elle a lieu le 17 mai, parce que le 17 mai 1990, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a supprimé l’homosexualité de la liste des maladies mentales. On aimerait que la France inscrive cette journée dans son calendrier officiel comme c’est le cas en Belgique, par exemple.

 Les homosexuels sont-ils toujours victimes de violences ?

 Les chiffres sur la violence physique augmentent, mais c’est sans doute parce qu’aujourd’hui, les gays osent davantage qu’avant de porter plainte. Dans l’ensemble, la société française est plus ouverte grâce au Pacte civil de solidarité (Pacs) notamment. Néanmoins, on sous-estime les ravages de l’homophobie, ou de l’hétérosexisme sur les jeunes. Selon des études réalisées dans des pays étrangers, on estime que 40 à 50 % de jeunes se suicident à cause de l’homophobie, ou surtout à cause de l’hétérosexisme.

 Qu’est-ce que l’homophobie ?

 C’est l’ensemble des violences physiques, morales ou symboliques, qui visent les homosexuels en général. Les coups, mais aussi les insultes, le harcèlement... ou l’impossibilité de se marier et de fonder une famille. Qu’on se rappelle : autrefois, les Noirs n’avaient pas le droit de se marier car ils étaient des esclaves.

 Et l’hétérosexisme ?

 C’est l’illusion selon laquelle la femme est faite pour l’homme, et l’homme pour la femme. La plupart des jeunes qui se suicident ne sont pas victimes d’homophobie. Ils vivent dans des familles aimantes qui n’ont jamais eu un mot contre l’homosexualité. Le problème, c’est qu’elles n’en ont jamais parlé en « pour » non plus ! Ce qui montre bien qu’elles n’y sont pas favorables. C’est une fausse neutralité. Le jeune est comme « asphyxié » par l’environnement ambiant. L’hétérosexisme, c’est aussi de porter un regard négatif sur le jeune qui n’a pas de petit(e) ami(e) à 18 ans, ou sur la femme qui n’est toujours pas mariée à 30 ans...

 Que faire ?

 Tout simplement, il faudrait d’abord en parler à l’école. C’est un comble qu’on passe autant de temps au collège ou au lycée sans que soient évoquées les questions de l’homosexualité. Cela permettrait de décrisper bien des situations...

Propos recueillis par Laurence GUILMO. Ouest-France