Accueil > ACTUALITÉS SELECTIVES > Halde : 40 % des homosexuels directement victimes de l’homophobie au (...)

Halde : 40 % des homosexuels directement victimes de l’homophobie au travail

vendredi 7 mars 2008, par phil

PARIS, 6 mars 2008 (AFP) - 85 % d’homosexuels ont au moins une fois ressenti une homophobie implicite sur leur lieu de travail tandis que 40 % disent en avoir été directement victimes, a révélé une étude sur l’homophobie dans l’entreprise commandée par la Halde et publiée jeudi. Selon une enquête menée fin 2006 auprès de 1.413 salariés gays et lesbiennes et des DRH de 14 grandes entreprises, 85 % des personnes interrogées ont au moins une fois ressenti une homophobie implicite (rejet, rumeur, dénigrement) et 40 % en ont été au moins une fois directement victimes (blagues, insultes, violence, chantage au licenciement).

 Parmi les registres homophobes les plus utilisés au sein de l’entreprise, figurent celui du genre ("efféminé" pour un homme, "masculine" pour une femme), celui de la sexualité mais aussi un troisième registre qualifié par l’étude d’"homophobie politique" et qui s’énonce sous la forme "incapable de diriger les autres". 40 % des personnes qui ont reçu des remarques négatives sur leur apparence, ont essuyé de telles remarques sur leur tenue vestimentaire, 32 % sur leur coiffure, 26 % sur leurs gestes et 18 % sur leur voix. 48 % des homosexuels interrogés sont cadres contre 15 % de cadres et professions intellectuelles supérieures dans la population active française. Ils sont sous-représentés dans certaines professions (commerce, gestion/administration), sur-représentés dans d’autres (communication, art et spectacle, fonction publique). Lesbiennes et gays sont 41 % à travailler dans la fonction publique (20 % pour l’ensemble de la population active) avec une proportion très élevée de lesbiennes dans le secteur de l’éducation (35 %). 66 % n’ont pas dévoilé leur orientation sexuelle durant leur parcours professionnel.

 A la question de savoir quels éléments leur permettraient de mieux vivre leur orientation sexuelle au travail, les personnes interrogées ont répondu notamment : des syndicats plus visibles dans la lutte contre l’homophobie (89%), une plus grande publicité autour des procès (88 %), l’égalité des droits, notamment pour le mariage et l’adoption (85 %). aml/pmg/phi

 "Homosexualité dans l’entreprise", un ouvrage de la collection "Études & recherches de la Halde", publié à la Documentation française "Homosexualité dans l’entreprise" est le titre d’un ouvrage publié à la Documentation française dans la collection "Études & recherches de la Halde" (Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité). Son auteur, Christophe Falcoz, directeur du cabinet RCF management (Lyon) et chercheur au CERAG-CNRS UMR 5820 de l’université Pierre-Mendès-France de Grenoble, a dirigé une enquête sur les discriminations "homophobes" en France auprès de 1 413 salariés homosexuels auto-déclarés et représentants de la fonction RH issus de 14 grandes entreprises publiques et privées du territoire.

 Même si le nombre de plaintes liées à l’orientation sexuelle ont doublé en 2007, elles "ne représentaient que 1,8% des réclamations adressés à la Halde". Il a donc semblé important à la Haute autorité de commanditer cette enquête pour mieux comprendre l’ampleur et les formes de l’homophobie dans les entreprises et ainsi mieux la combattre.

 Pour l’auteur, l’enjeu pour les entreprises réside à la fois dans la qualité de l’engagement des salariés concernés, qui sont majoritairement plus formés que l’ensemble de la population, et dans l’image de l’entreprise, tant vis-à-vis des candidats potentiels que des consommateurs ou clients.

 SUR-REPRÉSENTATION DANS LES MÉTIERS LES PLUS FÉMINISÉS

 Il ressort notamment de cette enquête une très nette sur-représentation des homosexuels (53,3%) et des lesbiennes (63,9%) dans les métiers féminisés à plus de 50% (notamment enseignement, formation, santé et action sociale).

 Les 1 413 personnes interrogées pensent dans 71% des cas que leur direction ne favorise pas la lutte contre l’homophobie et 16% n’ont pas d’opinion sur cette question, ce qui confirme la faible prise en compte de cette question par les DRH en France. 89% souhaitent que les syndicats soient plus visibles dans la lutte contre l’homophobie.

 Concernant leur attitude au sein de l’entreprise, 66% n’ont pas ou peu dévoilé leur orientation sexuelle durant leur parcours professionnel. Parler de sa vie de famille faisant partie du quotidien dans la quasi totalité des entreprises, ces personnes sont donc "prises entre le risque d’incompréhension et de rejet de la part de leurs collègues" si elles s’expriment ouvertement et "celui de paraître distantes et de se marginaliser en n’évoquant jamais leur vie privée".

 "COMPORTEMENTS HOMOPHOBES"

 Parmi les répondants, 58% ont été confrontés à des questions sur leur orientation sexuelle, et notamment 25% à l’occasion d’un entretien d’évaluation professionnel. 85% ont au moins une fois ressenti une "homophobie implicite", 40% ont été victime d’un "comportement verbal ou physique homophobe" et 12% estiment avoir au moins une fois été écartés d’une promotion du fait de leur orientation sexuelle.

 Comme pour toutes les discriminations, l’étude souligne l’importance de la perception de la position de l’entreprise vis-à-vis de l’homosexualité, notamment de la direction générale sur les comportements des salariés et des hiérarchies. L’auteur recommande la mise en place d’une politique écrite garantissant l’égalité des individus et des couples, quelle que soit leur composition, d’une politique de formation, orientée notamment vers l’encadrement supérieur ; et la mise en place de sanctions fermes contre les "comportements homophobes" dans l’entreprise.

 À ces recommandations, la Halde y ajoute la mise en place de dispositifs d’alerte, d’enquêtes d’opinion internes et l’implication des médecins et inspecteurs du travail pour renforcer la prévention.

 "Homosexualité dans l’entreprise", - La Documentation française, collection Études et recherches de la Halde, 192 pages, 15 euros, ISBN : 978-2-11-006863-7.