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Initiatives pour la jeunesse européenne

mercredi 7 août 2002, par phil

Plusieurs initiatives originales de soutien des jeunes homosexuels ont été menées dans différents pays européens : en Allemagne, Belgique, Espagne, Finlande, France, Grande-Bretagne, Irlande et Italie. Ces programmes concernent des groupes de parole, des centres gay spécifiques, des projets pédagogique en milieu scolaire, des campagnes de sensibilisation, notamment via internet. Des études sur les jeunes comme celle menée par Brigitte Lhomond confirment la nécessité de telles initiatives. On peut regretter que toutes ces actions sont financées par les fonds publics de lutte contre le sida , et non dans le cadre d’une prise en compte des questions homosexuelles en tant que telles. Des fonds publics pour financer les actions de soutien, de formation et d’animation de structures relais seraient à développer !
 En Irlande, Kieran Rose a mené une étude une étude qui explore l’impact des discriminations sur la précarisation des gays et des lesbiennes. Il conclut qu’il faudrait créer un organisme pluridisciplinaire réunissant des acteurs de divers ministères et du monde associatif homosexuel pour initier une série d’actions remédiant aux discriminations relevées dans son enquête ( paupérisation, dépression, harcèlement, isolement, discriminations...)
 En Grande-Bretagne, les travailleurs sociaux en charge de la prévention du VIH auprès des jeunes gays modifient leurs approches en prenant davantage en compte l’environnement social. Mise en avant des thématiques de la violence homophobe à l’école, de l’homophobie intériorisée, du rejet par la famille... participant à la prise de risques inconsciente des jeunes dans leur sexualité, aux failles dans leur prévention sida.
 Alberto Martin-Perez anime un groupe de parole au collectif des gays et lesbiennes à Madrid ( COGAM) qui témoigne d’une évolution de la jeunesse gay madrilène.
 L’Allemagne propose deux initiatives inédites : un centre destiné aux seuls jeunes gays et une structure d’hébergement provisoire. Ce sont des endroits pour que les jeunes gays se sentent en sécurité ou retrouvent une sécurité.
 En Finlande, grâce à une longue tradition d’éducation sexuelle, 75% de la population acceptent l’homosexualité. S’agit-il d’un havre de tolérance pro-gay ? Si l’homosexualité est socialement acceptée, les jeunes finlandais rencontrent toujours autant de difficultés pour faire leur coming-out. Les cours sur l’homosexualité à l’école demeurent vraisemblablement trop à la discrétion des enseignants. Par ailleurs, un isolement cognitif et géographique joue , outre l’isolement affectif des jeunes. C’est là que l’internet devient un outil appréciable dans un pays où la moitié des foyers sont connectés. Enfin, la Finlande est encore malgré tout en butte à une vision hétérosexiste des relations amoureuses : "dans le système scolaire, élèves et personnel enseignant attendent des jeunes qu’ils soient hétérosexuels". L’hétérosexualité définie comme norme ne permet nullement aux non-hétérosexuels d’être soutenus dans leur identité ou leurs relations".
 En Belgique, une campagne pour les jeunes gays implique des structures généralistes afin de sensibiliser le maximum de personnes et structures relais aux questions liées à l’homosexualité. L’idée de sortir du seul réseau gay se heurta à la fameuse peur du "prosélytisme". Il fallut faire beaucoup de concessions pour que la brochure "jeunes hommes entre eux" soit diffusable en tous lieux ; toutefois l’initiative permit aux professionnels qui travaillent avec des jeunes de réaliser qu’ils mettaient en avant le seul modèle hétérosxuel. Un effet formateur non négligeable.
 En Italie, Luca Pietrantoni a dirigé un projet pédagogique en Italie abordant l’homosexualité via l’homophobie. Le principal objectif consiste à "éduquer les éducateurs" lors de la formation annuelle obligatoire des professeurs en leur fournissant un bagage pédagogique qui leur permettra d’aborder les thèmes de l’homophobie et de l’homosexualité auprès d’élèves âgés de 13 à 20 ans. Le but final : réduire l’homophobie et l’hétérosexisme dans les écoles.
 L’internet est aussi en Italie un autre moyen de s’adresser aux jeunes gays : infos, témoignages, discussions entre jeunes gays...
 En France, l’association des jeunes homosexuel-le-s MAG a réussi à obtenir un agrément du ministère de la jeunesse et sport qui vaut reconnaissance.c’est ainsi qu’il est désormais reconnu par les pouvoirs publics que les questions liées à l’homosexualité peuvent être prises en compte en tant que telle, et non plus par le seul biais de la maladie. Selon un responsable du Ministère Jeunesse et Sport, le soutien au MAG fait partie d’une ambition pour la jeunesse dans son ensemble : faire en sorte qu’un jeune se sente au mieux dans notre société... quelle que soit sa sexualité.

P.-S.

Texte issu de HomoEdu, 2000