Accueil > Ze ARCHIVES > Programme de HomoEdu Paris samedi 15 septembre

Programme de HomoEdu Paris samedi 15 septembre

dimanche 7 août 2005, par phil

Programme de HomoEdu Paris

samedi 15 septembre 2012

 Productions pédagogiques, ressources éducatives, formations des personnels de l’enseignement et de l’éducation...
 ... tout cela rime aussi avec un engagement social et politique que les chartes et revendications élaborées au fil des années soulignent, et dont nous espérons le plus large écho.
 Le texte ci-dessous forme le message que nous voulons essentiel, pierre angulaire de toutes les démarches éducatives que nous avons imaginées depuis 1999-2000, année de naissance de HomoEdu (à la suite de l’atelier pédagogique d’Aglaé).
 Le collectif et site internet HomoEdu a cessé ses activités parisiennes courant 2012 à la suite d’une mutation ultramarine. Le site altersexualite.com poursuit son oeuvre de recherches et d’études des albums et livres en faveur de la diversité, distribuant aux meilleurs ses célèbres Isidor. Le site edurespect.info s’est vu hérité d’un certain nombre de textes du site parisien HomoEdu.

 Les propositions du Collectif HomoEdu concernent uniquement la pédagogie. Les revendications concernant les enseignants altersexuels sont du ressort des syndicats. À l’ouverture de la campagne électorale pour la Présidence de la République et les élections législatives, nous entendons que ces propositions sur la prise en compte par l’école de la diversité sexuelle et de la lutte contre le sexisme et l’homophobie, fassent l’objet de débats qui sortent de l’univers des spécialistes de la pédagogie, pour conduire à des réflexions les familles et les usagers des services publics ainsi que les lycéens et étudiants concernés au premier chef. Lutter contre l’homophobie, c’est bien ; promouvoir la diversité sexuelle, c’est mieux !

La tendance actuelle consistant à multiplier les actions ponctuelles et ciblées de lutte contre les discriminations nous semble discutable pour deux raisons. Premièrement, les différentes communautés visées sont cantonnées au statut de victimes, au risque, pour certaines, de se refermer sur leur catégorie et d’ignorer les autres, et pour ceux qui ne font partie d’aucune catégorie, de se sentir soit supérieurs ou chanceux dans le meilleur des cas, soit rejetés ou victimes de « francophobie » ou d’« hétérophobie » dans le pire des cas. Une conception globale des actions de lutte contre les discriminations, stéréotypes et préjugés, est le meilleur moyen d’éviter le « communautarisme ». Faire comprendre aux uns et aux autres que l’on ne peut pas être « contre le racisme » en étant d’autre part homophobe ou islamophobe ou antisémite ou sexiste. La deuxième raison est que toutes ces actions « contre » sont psychologiquement négatives. Il serait préférable de réfléchir en « pour ». Par exemple, plutôt que de se contenter de punir les élèves qui stigmatisent les altersexuels, agir « pour » intégrer au contenu de notre enseignement la culture homosexuelle, autant que les cultures des différentes communautés qui constituent la France. L’homophobie passive, le tabou, peuvent être vaincus à moindre frais par une politique volontariste.

 Proposition n°1 : Les questions altersexuelles doivent être intégrées à toutes les actions globales concernant le racisme, pour que cesse la discrimination dans les discriminations. Par exemple, la « semaine de lutte contre le racisme » gagnerait à être transformée en une « semaine contre les préjugés » ou mieux, en une « semaine de découverte de l’autre ». On pourrait imaginer dans les établissements des concours récompensant des exposés d’élèves, des fêtes de la diversité... Autre exemple : la célébration de la libération des camps de concentration cesserait d’omettre la présence d’homosexuels dans lesdits camps, etc. Enfin la question de « l’autre » permettrait d’intégrer les catégories trop souvent oubliées (personnes handicapées ou malades, transgenres, gros, sourds, tziganes, prisonniers...). On oublie que pour un élève, le fait d’avoir un membre de sa famille en prison par exemple, est aussi ressenti comme discriminant. Voir l’excellent concours Scénarios contre les discriminations lancé par le Crips et le Geps, qui va dans ce sens.

 Proposition n°2 : La formation des enseignants (comme cela se fait de plus en plus, heureusement), doit intégrer une réflexion sur l’importance de ces questions dans la psychologie des élèves de tout âge, de façon à encourager les enseignants à aborder les thèmes altersexuels dans leurs cours sans fausse pudeur. Contrairement à une idée reçue, il ne s’agit pas de traiter la question à la sauvette par un débat improvisé quand on se rend compte qu’un élève est victime d’injures, mais de rendre couramment visibles les altersexuels dans l’enseignement pour que tous les élèves (et les enseignants) intègrent l’altersexualité dans leurs schémas de pensée. Dans le même ordre d’idée, parler en classe de sexualité en général, d’une sexualité liée au plaisir et non à la reproduction, devrait être selon nous la marque forte d’un enseignement laïc dégagé des interdits religieux. Il faut en finir avec l’hypocrisie actuelle qui consiste, dès qu’un enseignant se permet d’aller plus loin que de condamner l’homophobie, dès qu’il se met à évoquer en termes positifs la diversité sexuelle, à le taxer de prosélytisme ou de communautarisme.

 Proposition n°3 : Pour rattraper un indiscutable retard, les CDI des établissements du secondaire et les bibliothèques des écoles, y compris dans l’enseignement privé, doivent être encouragés par une circulaire à fournir aux élèves des ouvrages concernant l’altersexualité adaptés à leur niveau. De même, les comités de sélection de « Collège au cinéma » et de « Lycéens et apprentis au cinéma » devraient être encouragés à choisir de temps en temps des films qui ne soient pas à 100 % hétérosexuels, comme cela a toujours été le cas jusqu’à présent. Voir par exemple la sélection de courts métrages « Qu’en dira-t-on » initiée par Eve Lê-Quang, pour le ministère de l’agriculture (à destination des lycées agricoles).

 Proposition n°4 : Favoriser et financer des rencontres soit avec des militants associatifs, soit avec des écrivains ou artistes de tous horizons permettant d’aller à la découverte de l’autre et de combattre les préjugés. En ce qui concerne les préjugés contre les altersexuels, ce type de rencontre est d’autant plus important que, concrètement, la plupart des élèves n’ont jamais rencontré « en vrai », en dehors de la télévision, des altersexuels, et pu discuter avec.

 Proposition n°5 : Les numéros des lignes d’aide aux jeunes (Ligne Azur) doivent être affichés dans les établissements scolaires publics ou privés.

 Proposition n°6 : Encourager les éditeurs de manuels scolaires à intégrer de façon volontariste et visible toutes les communautés, y compris altersexuelles, que ce soit dans le contenu pédagogique (histoire-géographie, lettres, S.V.T., philosophie...) ou dans les énoncés de problèmes ou l’iconographie. Valoriser les meilleurs manuels dans ces domaines, en commençant par ceux qui évitent les stéréotypes sexistes. En lien avec la HALDE, une association pourrait créer un « palmarès des manuels les plus respectueux de la diversité humaine », de façon à faciliter le choix des enseignants.

 Proposition n°7 : Les règlements intérieurs des établissements pourraient contenir un article encourageant les élèves (et enseignants) à prendre conscience d’une nécessaire auto-censure des propos sexistes, homophobes, et vexants envers tous les types de communautés, y compris par exemple les insultes motivées sur l’apparence physique, sans que cela prenne l’ampleur d’une censure de tout humour, de toute opinion ou de toute critique, d’une sorte de terrorisme de la pensée ou du langage. Pour ce faire, cet article devrait rappeler que ces insultes ne sont pas seulement des mots, mais qu’il existe dans les établissements des élèves et des adultes altersexuels, et qu’ils ont droit au respect. La particularité de l’insulte homophobe est qu’elle est souvent une manifestation d’homosexualité refoulée. La prise de conscience et le travail éducatif nous semblent devoir primer la volonté de punir.

 Proposition n°8 : Encourager les activités périscolaires (club, foyer, groupe de parole) du type « alliance contre les discriminations » ou plutôt « connaissance des autres » abordant toutes les différences y compris altersexuelles, et permettant de connaître et de gérer les conflits en temps réel. Par exemple, partir sur la question des « boucs émissaires », en s’appuyant sur la recherche-action menée par Éric Verdier pour la Ligue des Droits de l’Homme. Cette proposition rappelle la nécessité de la présence à temps plein de psychologues dans les établissements, en plus d’infirmières, dont les postes sont trop souvent vacants, comme si leur présence était facultative !

 Proposition n°9 : Encourager officiellement les établissements scolaires à participer à la Journée internationale de lutte contre l’homophobie du 17 mai. Une affiche ou un support pédagogique pourraient être diffusés à l’échelle nationale chaque année.

 Proposition n°10 : Il conviendrait une fois pour toutes, d’inscrire au Bulletin Officiel que les enseignants DOIVENT prendre en compte la diversité sexuelle dans leurs cours. Faire en sorte, avec des directives précises, que la question de la sexualité en général puisse être abordée, sans que l’enseignant ait à redouter en permanence la réaction de parents d’élèves pudibonds, l’accusation de prosélytisme ou d’incitation à la débauche. Encourager notamment les écoles élémentaires et maternelles à aborder les questions de genre et de diversité sexuelle avec des mots et des ateliers d’activités appropriés à l’âge des élèves. Pour ce faire, favoriser des coopérations et rencontres avec les parents des jeunes élèves sur ces thématiques.

LE LIVRE BLANC DE HOMOEDU-AGLAE

http://www.issuu.com/philippeguy/do...

On peut le télécharger à l’adresse : http://www.edurespect.info/LE_LIVRE...

Ainsi que "les chapitres oubliés" : http://www.edurespect.info/Chapitre...

A noter :

 "L’altersexualité : voici un mot bien pratique pour désigner "les personnes dont le sexualité est autre qu’exclusivement hétérosexuelle". Omniprésente dans l’espace médiatique, l’altersexualité est la grande absente de l’ Education. Quand la culture cinématographique et entre autre les péplums ne montrent qu’une antiquité "orthosexuelle", ne peut-on parler d’homophobie passive ? Il faut éduquer, convaincre, et non interdire... " Altersexualité, éducation & censure par Lionel Labosse. Publibook, p 232

Tous droits réservés à HomoEdu.com ; 2000